02/03/2022 : Denis Bonzy : "ces moments particuliers où une carte représente davantage qu'un morceau de papier ..."

J'ai désormais beaucoup de distance avec la politique. Et chaque jour, cette distance s'accroit. Mais dans des circonstances exceptionnelles comme les actuelles, le mandat d'élu prend une dimension alors particulière. Le moment le plus intéressant et le plus instructif sur soi-même : quand il faut participer à des décisions qui sortent de "l'ordinaire".

J'ai connu plusieurs moments de ce type. Celui qui m'a le plus marqué c'est le jour dans l'assemblée départementale de l'Isère j'ai dû défendre l'abandon définitif de la variante Ouest pour le tracé de l'autoroute Grenoble - Sisteron dans son passage au sein du canton de Vif et plus précisément à l'Ouest de Vif. Je savais que j'étais seul au départ pour défendre cette remise en question d'un tracé technocratique. Avant de prendre la parole, j'ai revu tous les visages pour qui ce choix pouvait impacter leur existence. Je les connaissais. Je les aimais : Professeur Escolano, Valfort Maurice, Gavet, Biston, Duranti , Noël, Wyniecki, Riondet, Ouabdesselam, Rouveure, Policand ... Des collègues du Nord Isère m'avaient indiqué qu'ils me soutiendraient par respect pour la légitimité de celui qui était le conseiller général du secteur. Gérard Dezempte, René Vette, Achille Paoli, Paul de Belval ... étaient de ce groupe. Mon intervention devait augmenter ce nombre de base. J'ai mis toutes mes forces dans cette intervention. Petit à petit, je sentais l'attention évoluer. Les regards changeaient. Et à l'issue, ce fut la victoire par l'abandon définitif de cette variante. Yves Pillet, Président du groupe PS à l'époque, est venu me voir à l'issue de la séance pour me dire : "j'ai rarement entendu autant de force dans un dossier". André Vallini, alors dans l'opposition, avait fait de même. Et dans des circonstances terriblement différentes et considérablement plus importantes quand dans les années 2010 je rencontrais souvent Dominique de Villepin, je lui ai posé la question sur son discours à l'ONU du 14 février 2003. Et il a eu la meilleure définition possible sur la bonne position sur un dossier sensible :"le jour où vos propos sont les gardiens de votre conscience !". Tout était résumé. Ces moments où une carte d'élu prend une autre dimension pour ne pas être seulement un morceau de papier.

NB : j'ai jamais gardé les cartes d'élu sauf celle de la région RA. Le Préfet du Rhône les remettait. Et ce Préfet était alors Gilbert Carrère, l'ancien collaborateur de Georges Pompidou. Nous nous rencontrions plusieurs fois par trimestre et sa volonté de partager l'Histoire reste l'un de mes meilleurs souvenirs comme des longues discussions avec Pierre Dumas, ancien Ministre du Général de Gaulle. 


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  • denis bonzy