Denis Bonzy

La situation de Vencorex (Le Pont de Claix), c'est quoi ? C'est le drame d'un pays qui accepte dans l'indifférence générale la perte de souveraineté de pans industriels entiers et qui ensuite s'indigne quand les conséquences concrètes sont tirées de cette mondialisation fonctionnant d'abord sur des critères financiers. Le tournant pour Vencorex, il ne date pas de 2024. Il date de 2014 voire même bien avant. Que se passe-t-il à l'été 2014 ? Un groupe thaïlandais (PTT Global Chemical) prend 85 % du capital. Il y avait déjà eu l'étape du groupe suédois Perstorp.

Ce groupe thaïlandais en septembre 2014 annonce la "restructuration" de Vencorex France. Que met-il derrière le mot "restructuration" ? Probablement une formule "diplomatique" pour transférer des métiers historiques vers des pays où la main d'oeuvre est moins chère et les contraintes face aux risques industriels moins élevées. Et maintenant, nous vivons une étape nouvelle parce que la "restructuration" pose la question même de l'existence du site. 

C'est l'histoire d'un pays qui ne défend pas sa souveraineté industrielle. 2014 c'était pendant la présidence de Hollande avec Valls comme Premier Ministre. 

Il ya plein de "Vencorex" en stock. Prenons le secteur de l'eau. Quel est aujourd'hui le principal actionnaire de la SAUR ? EQT Partners, groupe financier suédois dont le coeur de métiers c'est l'armement. Quel est le principal actionnaire de Suez : GIP (39 %). Un fonds américain dit un "fonds vautour" tant son retour sur la cible passe par des coupes pour garantir une rentabilité immédiate élevée. Qui s'est opposé à ces prises de participation récentes ? Personne. La classe politique défaillante est trop occupée à organiser ses concours d'ego-photos et de mesures démagogiques clientélistes à très court terme. 

La seule question qui se pose aujourd'hui : quel devenir pour un Etat qui a aussi mal défendu son indépendance industrielle ? 

Il y a de la tristesse et de la colère face à un tel gâchis par rapport à l'Histoire.